Une claque d’humanité
Alors voilà, ce titre, il est inscrit sur une page blanche depuis pas mal de mois déjà.
Et ce soir je ne peux pas passer à côté. Pourquoi je prends si peu le temps d’exprimer mes sentiments profonds à l’écrit ?
Une claque d’humanité, c’est ce que je ressens à chaque fois que je visionne l’émission « Rendez-vous en terre inconnue » ou « nos terres inconnues ».
Si le programme vous a échappé le principe est plutôt simple : quelqu’un de plutôt connu (généralement artiste et clairement privilégié) part à la rencontre de gens plutôt inconnus de la surface du globe (clairement pas privilégiés, dans un milieu souvent hostile). La plupart des populations choisies vivent d’ailleurs souvent en marge de l’humain dans leur pays et perpétue envers et contre tout un mode de vie traditionnel ancestral.
L’idée au coeur du programme est « n’ayons pas peur de l’autre », nous avons plus de valeurs communes que de différences. C’était une idée de Frédéric Lopez, expédition qu’il a transmis à Raphaël de Casablanca. Clairement je suis complètement subjective dans mon ressenti vis à vis de cette émission et je passe littéralement au moins la moitié du temps à pleurer pendant la séance. La bande son, les images époustouflantes rendent toute sa puissance à la rencontre humaine. Je suis toujours aussi bluffée par les dessous de la conception de l’émission, qui sont aussi souvent des témoignages qui deviendront historiques tant le chamboulement géographique et politique peuvent mener à la disparition de ces minorités.
Il y a évidemment des émissions qui m’ont plus touchées que d’autres et je crois que cela tient surtout à ce que l’inviter à envie d’y mettre, s’autorise à lâcher prise, fourmille de curiosité, et de générosité. Ce texte m’a été inspiré en visionnant l’épisode avec Vianney en Ethiopie, puis celui d’Amir (Nos terres inconnus dans le Jura), mais je pourrais citer l’épisode de Zazie chez les hommes-fleurs en Papouasie, Gilbert Montagné au Zanskar, Gérard Jugnot en Bolivie, Frédéric Michalak au Vietnam, Sylvie Testud au Tchad, Cristina Realien Australie, Nicole Ferroni sur l’Ile d’Oléron…
A chaque fois que je visionne ce programme je suis chamboulée par l’humanité des gens à l’écran, par leur sagesse, leur humilité, leur générosité. Je suis bouleversée d’admettre que la plupart du temps ces gens n’ont pas choisi leur vie et qu’ils y trouvent pourtant une liberté et un bonheur intense. Leurs rapports à la nature, à la famille, la conscience d’une absolue interdépendance entre ces éléments me fascine par les valeurs universelles et immuables qu’ils dessinent.
Cette émission je l’attends 2 ou 3 fois dans l’année avec tant d’impatience car je sais quelle sera cathartique pour moi, qu’elle m’imposera ce recul dont j’ai souvent cruellement besoin. Ding ding elle fait l’effet d’une petite sonnette. C'est le moment de faire un pas de coté !
Le temps de l’émission je me dis que c’est plutôt moi qui vis dans un Truman show, une prison dorée que j’ai choisi, prise dans un système que moi-même j’alimente, qui me fait refaire souvent les mêmes erreurs, génère les mêmes frustrations, parfois les mêmes angoisses. Bien que je ne me sente pas malheureuse dans la vie citadine, c’est comme si je savais qu’il y avait un souci, mais que j’étais paralysée- entre le rêve et la réalité. Un peu comme lorsqu’on est en phase de paralysie du sommeil, vous voyez ?
Ces gens m’interpellent silencieusement : « Réveille-toi ! » Et je ne parle pas forcément de tout plaquer pour aller élever des chèvres sur une île déserte Ecossaise. Juste vivre d’avantage à son rythme, en suivant ses réelles envies, apprécier davantage la simplicité, et savourer férocement le moment présent.
Mais ce que je peux faire c’est déjà acter que la richesse de la vie ne se trouve pas totalement ici; ou en tout cas qu’en ce moment je ne cherche plus assez ces moments riches, inattendus, contemplatifs, méditatifs dans mon quotidien. Sur le long terme je sais déjà que ce n’est pas la vie que je veux mener et pourtant il faut bien avancer., faire bouillir la marmite tout en essayant davantage de vivre pendant cette pandémie. Parfois je me surprends dans un moment de faiblesse à renier le chemin que j’ai réussi jusque là, comme si j’étais passée à côté d’une grande carrière de je-ne-sais-pas-quoi, puis je me reprends : mon chemin est la somme de mes choix, la traversée de mes échecs, et la suite n’est pas écrite d’avance. Ce à quoi j’aspire surtout, c’est de sortir de l’épuisement inutile, du « ralentir pour mieux courir ».
Le déclic viendra. Ce n’est pas pour aujourd’hui, mais en attendant, je tente les petits pas, vers moi, vers la reprise de contrôle du temps.
Et je sais que la rencontre humaine, virtuelle ou réelle, connue ou inconnue saura toujours me ramener vers l’essentiel.
Je ne l'écris pas à la fin de chaque texte, mais n'hésitez pas à m'écrire pour réagir à ce texte et me partager votre propre ressenti !